📌 Mise à jour du 12/08/2025
Trichloréthylène, Chrome VI, benzène… Ces produits font partie des substances les plus surveillées en milieu industriel. Classés CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques), ils représentent un risque sanitaire majeur pour les opérateurs et une source d’inquiétude croissante pour les exploitants classés ICPE.
Si leur usage reste autorisé, c’est sous conditions strictes. Et c’est souvent là que le bât blesse. Comment prouver que les expositions sont maîtrisées ? Faut-il tout revoir si l’inspection soulève un écart ? Peut-on agir sans engager des travaux lourds ?
Dans cet article, nous faisons le point sur :
Les produits CMR sont des substances classées Cancérogènes, Mutagènes ou Reprotoxiques. Ces substances sont identifiées selon le règlement CLP (Classification, Labelling and Packaging), qui fixe les critères de dangerosité en Europe.
Les agents cancérogènes sont des substances qui peuvent provoquer ou favoriser le cancer. Ils peuvent altérer l'ADN des cellules, conduisant à des mutations et à une multiplication cellulaire incontrôlée.
Ces agents induisent des mutations génétiques dans les cellules. Bien que toutes les mutations ne conduisent pas à des maladies, certaines peuvent être précurseurs de conditions graves, y compris le cancer.
Ces substances peuvent avoir des effets néfastes sur la fonction ou la capacité reproductive, incluant des effets sur la fertilité ou le développement embryonnaire.
Trois niveaux de classification existent :
Catégorie 2
Risque suspecté
Danger suspecté, sur la base d’éléments partiels.
Catégorie 1 b
Risque présumé
Danger supposé, preuves limitées.
Catégorie 1 a
Risque avéré
Danger avéré pour l’humain, démontré par des études chez l’homme.
➡️ Toute substance CMR de catégorie 1A ou 1B est strictement encadrée en industrie, notamment pour les ICPE.
Les produits CMR portent des mentions de danger H340, H350, H360, visibles sur leur Fiche de Données de Sécurité (FDS). Ces mentions sont souvent associées à des pictogrammes SGH (tête de mort, silhouette à étoile).
Parmi les substances les plus fréquemment rencontrées :
Vérifiez si les substances présentes dans vos espaces de travail sont des produits CMR dans la base de données INRS.
Téléchargez la liste complète et actualisée des produits CMR
Actualisation d’Octobre 2024 selon les dispositions de la 22e adaptation au progrès technique (ATP) du règlement CLP / Annexe IV.
Certains produits CMR n’ont pas d’alternative technique viable. Dans ce cas, leur utilisation est autorisée sous conditions, notamment dans le cadre de la réglementation REACH.
L’industriel doit alors démontrer que :
Autrement dit : on peut continuer à utiliser un ou des produits CMR, mais jamais sans justification et sans maîtrise documentée.
Les produits CMR ne sont pas nouveaux dans l’industrie. Pourtant, leur dangerosité réelle reste mal perçue : cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques… Ces mots impressionnent, mais leur impact concret semble parfois flou tant que les effets ne se manifestent pas.
À la différence d’un accident visible, le risque lié aux produits CMR s’inscrit dans le temps long, silencieux, diffus. Cela le rend d’autant plus difficile à faire remonter dans les priorités opérationnelles.
Sur le papier, le cadre réglementaire est clair : obligation de substitution, justification technique, respect des VLEP, mise en place de moyens de prévention efficaces…
Mais en pratique, les textes (CLP, REACH, Code du Travail, arrêtés ICPE) sont épars et peu opérationnels pour un chef d’atelier ou un responsable maintenance.
Contrairement aux autres risques industriels, traiter les CMR ne passe pas uniquement par des mesures visibles. Un captage mal placé ou une ventilation non équilibrée peut donner une fausse impression de sécurité, tout en aggravant les expositions.
De même, les protections individuelles sont souvent surutilisées, alors qu’elles doivent rester un ultime recours, une fois toutes les autres mesures optimisées.
Résultat : les managers croient être “dans les clous” avec des EPI et quelques bonnes pratiques, sans mesurer le vrai niveau d’exposition.
👉 Un audit aéraulique bien mené révèle souvent des écarts invisibles à l’œil nu – mais critiques pour la conformité.
📌 Vérifiez la réalité de l’exposition dans vos ateliers
Ce secteur est historiquement parmi les plus concernés :
Les expositions peuvent survenir :
➡️ Ateliers concernés : métallisation, peinture cabine, préparation de surface, galvanisation.
Les phases de nettoyage et de maintenance sont moins visibles, mais tout aussi critiques. C’est souvent là que se cachent les expositions diffuses, difficiles à détecter sans mesure.
Risques fréquents :
➡️ Exemples types : dégraissage à la lingette dans l’aéronautique, maintenance de machines-outils dans l’automobile, nettoyage de pièces avant collage ou peinture.
Moins immédiatement associées aux CMR, ces industries présentent pourtant des risques spécifiques :
➡️ Ces expositions sont souvent cumulées, notamment dans les ateliers mixtes où plusieurs procédés sont enchaînés.
Face au risque des produits CMR, l’approche « EPI + aération générale » ne suffit pas. Ce que recherchent les inspecteurs – et ce dont vos équipes ont besoin – c’est une maîtrise technique visible, mesurable, documentée.
Voici trois leviers concrets à activer, sans nécessairement tout refaire.
C’est la règle d’or en prévention des expositions : intercepter les polluants au plus près de leur émission.
🎯 À retenir : Sans captage à la source, même une ventilation puissante ne suffira pas à garantir la conformité.
Une ventilation bien conçue complète le captage local, en assurant un renouvellement global de l’air et une dynamique maîtrisée des flux.
🔍 Audit clé : un déséquilibre de flux ou une mauvaise répartition des vitesses d’air est une cause fréquente de non-conformité… et souvent invisible à l’œil nu.
Un bon poste n’est pas seulement ergonomique. Il évite les turbulences, les zones mortes, les recirculations non maîtrisées.
Chaque site a ses contraintes, ses lignes de production, ses réalités de flux. Mais dans 80 % des cas, des ajustements ciblés suffisent à corriger les écarts.
👉 C’est souvent la combinaison de petits détails qui fait toute la différence.
📌 Identifiez vos marges de manœuvre techniques
📚 À lire aussi si vous cherchez à faire les bons choix techniques :
Ce scénario est une synthèse inspirée de situations fréquemment rencontrées sur le terrain. Il ne décrit pas un client identifié, mais illustre des problématiques concrètes dans l’industrie.
Dans un atelier de peinture industrielle classé ICPE, des produits contenant du chrome VI sont utilisés régulièrement.
Lors d’un autocontrôle, l’employeur constate que les niveaux d’exposition frôlent la VLEP.
L’inspecteur ICPE, de passage quelques mois plus tard, émet une recommandation explicite : revoir le dispositif de ventilation pour maîtriser le risque.
Évaluation des risques
L’employeur doit réaliser une évaluation des risques et prendre en compte la nature, le degré et la durée de l’exposition. Elle doit être régulièrement révisée, surtout si des changements dans le processus de travail ou de nouvelles informations sur les substances en question surviennent.
Mesures de prévention et de réduction de l’exposition
L’employeur est tenu de mettre en oeuvre des mesures de prévention pour éliminer ou réduire au minimum l’exposition aux produits CMR.
Formation et informations des travailleurs
Cette formation doit porter sur :
Tenue d’un registre des expositions (depuis le 05/07/2024)
L’employeur doit tenir à jour un registre des expositions à ces substances, incluant
Ce registre est crucial pour le suivi de la santé des travailleurs à long terme.
Surveillance médicale
La mise en place d’une surveillance médicale spécifique pour les travailleurs exposés aux produits CMR est une autre obligation importante. Cette surveillance doit être adaptée à la nature et à l’intensité de l’exposition et peut inclure des examens médicaux réguliers.
Notification des cas d’exposition
En cas d’exposition accidentelle ou d’incidents conduisant à une exposition significative aux produits CMR, l’employeur doit en informer les autorités compétentes et prendre immédiatement des mesures correctives pour éviter une telle exposition à l’avenir.
Attendre, c’est risquer de devoir justifier a posteriori ce qui aurait pu être anticipé.
➡️ Réaliser un audit ciblé de votre ventilation ou de votre captage.
➡️ Identifier les points de déperdition dans vos flux d’air.
➡️ Mettre en place des améliorations progressives, compatibles avec vos lignes de production.
Chaque action prise en amont renforce votre dossier ICPE et limite votre exposition globale au risque.
JC’aiR est un bureau d’études indépendant spécialisé dans la conformité aéraulique des sites industriels.
Nous intervenons en toute transparence, aux côtés de vos équipes, pour :
JC’aiR accompagne les industriels sur le terrain, avec des solutions de ventilation sur mesure, adaptées à vos lignes et à vos contraintes ICPE, notamment au regard des produits CMR.
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